Formation dispensée au POULDU par Bertrand D’USSEL, notre charpentier de marine conseil, à tous les membres des VVR intéressés, à l’occasion de la rénovation de MONA.
CALFATAGE : On va insérer en force un cordon en coton (ou étoupe selon la taille de la couture) entre les bordés de la coque ou entre les virures (lattes) du pont. Deux objectifs : étanchéifier l’embarcation et jouer un rôle de protection pour la coque. Travail de la plus haute importance, à réaliser avec soin.
LES OUTILS :
Les fers à calfater
Maillet en bois
Maillet synthétique
LES MATERIAUX :
Cordon de coton
Etoupe
CALFATAGE DE LA COQUE :
Etape n°1 : On vérifie d’abord que tout le vieux calfat a bien été enlevé, puis nettoyage (aspirer au besoin) et vérification du rivetage.
Décalfatage de la coque
Etape n°2 : Selon la profondeur de la couture, il sera peut être nécessaire de l’ouvrir. C’est le cas par exemple du galbord et du ribord (les 2 bordés au dessus de la quille), à ouvrir. On utilise alors un fer à ouvrir (extrémité fine en forme d’ogive) afin de préparer la couture.
Fer à ouvrir
Etape n°3 : Préparer un cordon de la longueur du bateau avec 1,50m de plus. Toronner le cordon avec une visseuse et passer du suif dessus à la main (pas trop). Enfin l’enrouler autour de la main.
Préparation du coton
Calfatage au coton couture horizontal
Calfatage de la râblure
Quand on rencontre une couture verticale entre deux bordés, on suit la couture verticale et on repart sur 15 – 20 cm sur le bordé d’en dessous. Bien faire tous les marquages sur la coque dans ce cas précis et aussi quand on s’arrête, quand on reprend (recouvrement sur 15/20 cm), … voir paragraphe marquages (attention à bien tendre le coton dans les angles).
Calfatage couture verticale
Pour les coutures plus larges, on utilise de l’étoupe que l’on toronne (roule sur la cuisse) sur plusieurs épaisseurs avant de l’insérer (avec 20cm, on fait 7 cm). Au-delà, faire un flipot (menuiserie).
Préparation de l’étoupe
Calfatage à l’étoupe
On emploie ensuite un fer à frapper plus ou moins épais selon la largeur de la couture pour insérer la matière choisie à l’aide d’un maillet à calfater. Bien s’appuyer horizontalement sur le bordé du dessous (qui est plat) afin de ne pas endommager le bordé du dessus.
Fer à frapper
Position du fer à frapper
A noter que pour les coutures de la râblure ou contre un plan vertical, on utilise un fer à calfat courbé.
Fer à calfat courbé
Calfatage de la râblure
Sur une même longueur, on peut être amené à changer d’outil ou encore de matière si la largeur de la couture varie.
On enfonce d’abord légèrement la matière choisie, tous les 3m pour le coton, puis on l’enfonce plus fermement. Pour l’étoupe, on l’enfonce un peu en faisant des boucles, puis on repasse en l’enfonçant plus profondément.
Plusieurs passes peuvent être nécessaires pour que le calfatage soit suffisant. Écouter le bruit du maillet (le bruit du maillet devient sourd quand l’espace est bien comblé) … On laisse au minimum 5mm libres sur l’épaisseur de chaque côté du bordé (intérieur et extérieur).
À la fin du bordé, on laisse pendre le reste du cordon à la râblure.
On doit toujours finir un bordé commencé et marquer les bordés qui sont faits. Le marquage sera toujours fait de la même façon par les différents intervenants. (voir codes)
Le calfatage du bordé fini sera peint au minium (pinceau d’écolier).
Le masticage de la coque se fera ultérieurement une fois l’ensemble du calfatage terminé.
LE MARQUAGE :
Marquage de départ de calfatage d’une couture
Marquage ajout d’étoupe quand l’épaisseur insérée précédemment est insuffisant.
Marquage arrêt avec reste de 15 cm pour recouvrement ou en fin de bordé
Marquage retour couture verticale (je suis descendu)
Marquage arrêt après retour couture verticale (je suis descendu et je me suis arrêté)
Marquage reprise après arrêt sur retour d’une couture verticale (j’ai repris et recouvrement 15cm)
CALFATAGE DU PONT :
Concernant le pont du bateau, bien nettoyer les joints (ancien calfatage), passer un coup de papier de verre pour faciliter l’accroche et enlever les restes du calfatage précédent.
Aspirer et dégraisser à l’alcool à brûler. Les parois des lattes (ou virures) sont parallèles.
Le calfatage peut éventuellement se faire en délignant (dé-toronner les fils) le cordon pour avoir du coton plus fin si les joints sont faibles.
Attention aux rives de virures (lattes), mettre du scotch de chaque côté du joint.
Avant la mise en œuvre du joint appliquer le primaire Sika (pinceau d’écolier)
Puis après ½ heure de séchage application du joint à la pompe Sika 294 ou Soudal 240FC, bien spatuler après application.
En fin d’année 2023 Ma Préférée a été retirée du service à la suite de la découverte de dégradations, principalement au niveau de la quille, des membrures et de l’étambot.
En décembre 2023, après une petite promenade sur les chemins de la presqu’ile de Rhuys, elle est arrivée au chantier des Vieilles Voiles de Rhuys au Pouldu.
Transport …
… et arrivée de Ma Préférée au Pouldu
Le premier travail a consisté à gratter et poncer la coque pour la mettre à nu. Une section « bagne » a été créée pour assurer cette tâche.
Le bagne du Pouldu
Ma Préférée rentrée dans l’atelierInstallation d’un escalier d’accès
Les travaux peuvent commencer :
Remplacement ou renforcement de 25 éléments de membrure
Renforcement de la quille
Remplacement du massif arrière et de la partie supérieure de l’étambot
Réfection importante des bordés.
Avant de reconstruire, il faut démonter. Tous les éléments sont assemblés par des carvelles (clous forgés) ou des broches enfoncées à force. En conséquence tout démontage est destructif et conduit à refaire à neuf la pièce démontée.
« Démontage » du massif arrière :
Massif arrière avant démontageMassif arrière après démontage
Tout d’abord il faut approvisionner du bois. Tout le bateau est construit en chêne. Pour réaliser les différentes pièces, il faut un bois ne présentant pas de nœud, ce qui nuirait à la résistance. Pour les pièces courbe des membrures il faut trouver du bois tor, qui suit à peu près la courbe de la membrure. Seuls quelques marchands très spécialisés sont capables de nous fournir cette qualité de bois. Nous sommes allés à Craon, au-delà de Chateaubriant pour nous procurer du bois auprès de la société « Le Bois Idéal ».
Départ du premier chargement de boisRangement au Pouldu du bois tor
Les pièces constituants les membrures de ma préférée sont en chêne de 50 mm d’épaisseur. Les formes à réaliser sont complexes. Pour ce faire :
Il a été nécessaire d’adapter la scie à ruban du Pouldu
De faire appel à un professionnel (Bertrand Dussel) pour nous délivrer une formation :
Réalisation des gabarits
Mesure des angles de coupe
Traçage de l’élément de membrure
Rabotage et découpe à la scie à ruban dans le respect des angles
Finition
Tracé d’une allonge à partir du gabaritDécoupe de la 1ère membrure
Finition de la membrure au WastringuePassage de la couche de primaire
Actuellement 4 éléments de membrures sont terminés. On pense pouvoir continuer au rythme d’un élément par journée de travail.
Par ailleurs André et Jean-François ont développé avec Doumé un dispositif astucieux pour extraire les broches de la construction initiale, à l’aide de 2 vérins.
Extraction d’une brocheBroche après extraction
De gros travaux sont prévus sur l’étambot. Patrick s’y est attaqué avec enthousiasme. Le démontage des bordés pour y accéder est terminé.